Dulce et decorum est pro patria discutere.

« Bienvenue sur mon blogue. Je vous transmets ici mes impressions sur un peu tous les sujets, sur des débats ou des projets auxquels je participe, jusqu'aux pensées qui me tiennent à coeur. Bonne lecture! »


Jeff de St-Germain

lundi 10 mars 2014

Lancement de la MLS – «Si nous parvenons à faire les séries, ça sera super!»

(L'original de cet entretien a été publié sur le site - www.footballsupps.com - le 6 mars 2014)
 
La saison 2014 de la Major League Soccer a démarré samedi dernier. Jeff de St-Germain, supporter montréalais, nous dévoile les spécificités du championnat nord-américain et comment il voit la saison de son club favori.

Hassoun Camara #6 fait bloc ici sur le Colombien Fabian Castillo.
L'Impact s'est incliné sur la pelouse texane du FC Dallas 3-2 samedi dernier.
Source: Kevin Jairaj-USA TODAY Sports




























































Dans un premier temps, comment en es-tu venu au soccer?
Au Québec, nous avons la chance d’avoir quatre franches saisons. Ce qui permet de satisfaire presque tous les sports. Tout jeune, j’étais déjà assez sportif. Vélo, soccer, baseball, athlétisme, badminton, volleyball, ski, hockey, etc. De tous, c’est le soccer et le vélo qui m’apparurent les plus stimulants à pratiquer. Pourquoi pas le hockey, comme beaucoup de jeunes québécois et canadiens ? Je manquais de talent sur patin et ce sport était trop dispendieux pour moi. Quand on sait qu’il en coûte environ 1 500 euros juste pour l’équipement, on comprend vite qu’étant issu d’une famille modeste, ce fut vite rayé de ma liste de sports pratiqués. De plus, j’avais une plus grande facilité pour le soccer et j’ai joué jusqu’à l’adolescence, dans des structures très aléatoires. Dans mon coin de pays, vous vous imaginez bien qu’il y a vingt-cinq ans, ce n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui. Heureusement, ça a beaucoup évolué. Aujourd’hui, il y a plus de jeunes inscrits en soccer qu’en hockey au Québec. Il ne reste qu’à structurer le soccer semi-professionnel pour donner des opportunités à ceux qui ne pourront aller en divisions 1 ou 2 professionnelles. C’est à cette étape de développement que nous en sommes ici. Pour moi, les débouchés étaient pratiquement inexistantes à l’époque, et des problèmes récurrents aux genoux m’obligèrent à accrocher mes crampons assez tôt. Par contre, la passion ne s’est jamais éteinte pour ce sport que je chéris pour sa technique, sa tactique et son athlétisme.

« L’objectif est d’atteindre 24 équipes d’ici 2020 »

Peux-tu nous expliquer les spécificités du championnat nord-américain de soccer?
La première division nord-américaine est la Major League Soccer. Certains se plaisent à l’appeler la Ligue Majeure de Soccer au Québec. C’est une ligue assez unique car elle regroupe des équipes de deux pays, le Canada et les États-Unis. Traditionnellement, le Canada a souvent rejoint les cadres des ligues américaines du sport professionnel. Nous n’avons qu’à regarder la Ligue Nationale de Hockey, les Ligues Majeures de Baseball, la NBA, etc. qui comptent toutes des franchises canadiennes. La MLS reflète la même tradition. Fondée en 1996, suite à l’organisation par les États-Unis de la Coupe du Monde deux ans plus tôt, la MLS prend rapidement de l’expansion. De 10 équipes en 1996, elle grandit jusqu’à 19 en 2012, avec l’arrivée de l’Impact de Montréal. Déjà, 3 autres équipes sont annoncées en 2015 (New York City FC et Orlando City SC) et en 2016 ou 2017 (Miami, proposée par le groupe de David Beckham). Ce qui portera la MLS à 22 équipes. L’objectif du commissaire Don Garber est d’atteindre 24 équipes d’ici 2020. C’est une croissance énorme !

Le championnat débute généralement au début du mois de mars jusqu’à la grande finale de la Coupe MLS au début de décembre. Ce qui donne actuellement un calendrier de 34 matchs de saisons régulières, plus les séries éliminatoires ou playoffs, si vous préférez. Le gagnant des séries éliminatoires est couronné champion de la saison. L’autre principale différence de la MLS avec les championnats européens est le principe des franchises. Chaque club achète une franchise qui lui permet d’intégrer les cadres de la MLS. Dans ce cas, il n’y a donc aucune promotion / relégation. Chaque ligue est fermée. Ainsi, la MLS est reconnue pour être la division 1, la North American Soccer League, la 2e division. Et ainsi de suite.

Quels sont tes favoris pour la saison 2014 de la Major League Soccer?
Cette année, avec l’arrivée de plusieurs joueurs de qualité, je surveillerai attentivement les clubs suivants, qui joueront le haut du tableau selon moi :
Conférence Est : DC United, Red Bulls de New York, Sporting Kansas City et Toronto FC;
Conférence Ouest : FC Dallas, Galaxy de LA, Timbers de Portland et le Real Salt Lake.

Y a-t-il des supporters qui suivent leur équipe à l’autre bout du continent?
C’est assez exceptionnel. Par exemple, 4 600 km sépare Montréal de Los Angeles. Un billet d’avion coûte environ 600 euros aller-retour. Ce n’est pas accessible à tout le monde. C’est pourquoi les rivalités régionales sont importantes en MLS. Un voyage à Toronto, Washington ou Philadelphie est beaucoup plus réaliste pour les supporters de l’Impact de Montréal par exemple. L’an dernier, disons qu’environ 50 à 100 partisans de clubs adverses en moyenne font les déplacements. Seule la rivalité viscérale Toronto – Montréal amène des groupes plus importants, parfois de 300 à 400 supporters adverses. C’est somme toute bien peu, comparativement à certains championnats en Europe.

« Cette année en sera une de transition à mon avis »

N’est-ce pas compliqué pour les joueurs de parcourir de si grandes distances?
C’est très compliqué au niveau logistique et physique. Cela implique aussi de franchir plusieurs fuseaux horaires dans un seul voyage. Un exemple : il y a trois heures de différence entre Vancouver et Montréal. L’Impact a réussi à s’ajuster en début de saison 2013 à ce phénomène. Ils ont voyagé 48 heures plus tôt qu’en 2012 pour débuter leur saison contre Seattle et Portland. L’équipe de préparation du club a obligé les joueurs à dormir dès leur arrivée et à rester réveiller le soir afin de s’acclimater au décalage horaire en quelques heures. Résultat : victoire de Montréal aux deux endroits. C’était en début de saison, bien sûr. Par la suite, ce fut plus difficile. Tous les clubs vivent cette difficulté et les résultats en sont le reflet. C’est connu depuis les débuts de la MLS que c’est une ligue de «homers», les clubs gagnent beaucoup plus facilement à domicile qu’à l’extérieur. Dans ce contexte, les clubs qui réussissent à engranger des points à l’extérieur vont très souvent réussir à se placer en haut de tableau et ainsi, se qualifier pour les séries. Pour les joueurs qui arrivent dans la MLS en provenance de l’étranger, c’est souvent la première difficulté à affronter. De beaux talents techniques ont d’ailleurs échoué en MLS parce que leur niveau athlétique était un cran en dessous des autres. C’est une facette importante des joueurs évoluant en Amérique du Nord pour connaître du succès toute une saison.

Comment vois-tu la saison de ton club favori, l’Impact de Montréal?
Cette année en sera une de transition à mon avis. Le noyau de l’équipe est intéressant et stable avec Marco Di Vaio, Patrice Bernier, Matteo Ferrari et Troy Perkins comme piliers. Par contre, la progression des jeunes reste à voir car ils n’ont pas eu la chance d’avoir beaucoup de minutes l’an dernier avec Marco Schällibaum. L’arrivée de Frank Klopas (ancien du Fire de Chicago) nous montrera de quelle façon le club va pouvoir améliorer sa défensive. C’est la priorité du club cette année. Nous savons marquer mais l’organisation défensive reste à faire. La nouvelle qu’Alessandro Nesta revienne au club comme consultant externe à ce niveau ne pourra que nous aider. Je crois que si nous pouvons nous maintenir entre la 6e ou la 8e place de la Conférence Est, ce sera réaliste. Si nous parvenons à faire les séries (5e place), ce sera super ! Mais l’avenir du club est encourageant. Surtout avec les jeunes et la structure de l’académie.

Quels sont les principaux rivaux des Bleu-Blanc-Noir?
L’ennemi de toujours est le Toronto FC. Cela date depuis 2007, alors que l’Impact jouait en 2e division. L’affrontement entre les deux villes est viscéral. Surtout en championnat canadien, sorte de mini tournoi, qui permet au gagnant de participer à la Ligue des Champions CONCACAF. Pour les mêmes raisons, et malgré quelques milliers de kilomètres les séparant, affronter les Whitecaps de Vancouver est toujours spécial. En MLS, depuis l’arrivée de l’Impact en 2012, les affrontements entre le Sporting Kansas City ou le Dynamo de Houston sont toujours électrisants. Les joueurs sont hargneux et ce sont toujours des matchs intenses ! Mais notre bête noire, c’est les Red Bulls de New York ! Thierry Henry sort toujours ses meilleurs matchs contre nous ! C’est frustrant (sourire) !

Vas-tu régulièrement au stade Saputo?
Pas aussi souvent que je voudrais. J’habite Rimouski, situé à 550 km à l’est de Montréal et j’ai une petite famille. J’y suis allé une seule fois l’an dernier et je compte y retourner deux ou trois fois (que ce serait bien !) cette année. L’ambiance est franchement géniale et le club a une moyenne intéressante d’environ 18 000 spectateurs par match au Saputo (max. 20 801). Ce qui le place au 4e ou 5e rang en MLS si je ne me trompe.

Suis-tu certains championnats européens? Sont-ils diffusés à la télévision canadienne?
Je suis principalement les championnats qui sont diffusés à notre télévision : la Barclays Premier League est diffusée sur RDS (Réseau Des Sports), la Bundesliga (GolTV), et la Ligue 1 (TV5). Nous avons aussi droit à la Ligue des Champions UEFA (TVA Sports) ainsi qu’à la présentation de la Coupe du Monde au Brésil (TVA Sports) cette année. Ce sera certainement une belle année de foot !

Des conseils pour suivre la MLS?
Si vous voulez suivre la Major League Soccer ou l’Impact de Montréal, je peux vous proposer certains liens francophones. Tout d’abord, l’espace francophone officiel de la MLS est le blogue Coup Franc, écrit par le journaliste Matthias Van Halst (http://www.mlssoccer.com/blog/coup-franc). Vous y trouverez également une toujours très intéressante balado-diffusion (podcast) du même nom.
Un site non-officiel des partisans de l’Impact de Montréal vous en apprendra beaucoup sur le club et aussi sur la MLS, avec souvent des primeurs sur le forum. Un incontournable, même pour les partisans de d’autres clubs ! C’est ici : (http://www.impactsoccer.com). Voilà ! Bon foot !

Propos recueillis par Pierre LG.