La saison 2014 de la Major League Soccer a démarré samedi dernier. Jeff de
St-Germain, supporter montréalais, nous dévoile les spécificités
du championnat nord-américain et comment il voit la saison de son club
favori.
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Hassoun Camara #6 fait bloc ici sur le Colombien Fabian Castillo.
L'Impact s'est incliné sur la pelouse texane du FC Dallas 3-2 samedi dernier.
Source: Kevin Jairaj-USA TODAY Sports
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Dans un premier temps, comment en es-tu venu au soccer?
Au Québec, nous avons la chance d’avoir quatre franches saisons. Ce
qui permet de satisfaire presque tous les sports. Tout jeune, j’étais
déjà assez sportif. Vélo, soccer, baseball, athlétisme, badminton,
volleyball, ski, hockey, etc. De tous, c’est le soccer et le vélo qui
m’apparurent les plus stimulants à pratiquer. Pourquoi pas le hockey,
comme beaucoup de jeunes québécois et canadiens ? Je manquais de talent
sur patin et ce sport était trop dispendieux pour moi. Quand on sait
qu’il en coûte environ 1 500 euros juste pour l’équipement, on comprend
vite qu’étant issu d’une famille modeste, ce fut vite rayé de ma liste
de sports pratiqués. De plus, j’avais une plus grande facilité pour le
soccer et j’ai joué jusqu’à l’adolescence, dans des structures très
aléatoires. Dans mon coin de pays, vous vous imaginez bien qu’il y a
vingt-cinq ans, ce n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui.
Heureusement, ça a beaucoup évolué. Aujourd’hui, il y a plus de jeunes
inscrits en soccer qu’en hockey au Québec. Il ne reste qu’à structurer
le soccer semi-professionnel pour donner des opportunités à ceux qui ne
pourront aller en divisions 1 ou 2 professionnelles. C’est à cette étape
de développement que nous en sommes ici. Pour moi, les débouchés
étaient pratiquement inexistantes à l’époque, et des problèmes
récurrents aux genoux m’obligèrent à accrocher mes crampons assez tôt.
Par contre, la passion ne s’est jamais éteinte pour ce sport que je
chéris pour sa technique, sa tactique et son athlétisme.
« L’objectif est d’atteindre 24 équipes d’ici 2020 »
Peux-tu nous expliquer les spécificités du championnat nord-américain de soccer?
La première division nord-américaine est la Major League Soccer.
Certains se plaisent à l’appeler la Ligue Majeure de Soccer au Québec.
C’est une ligue assez unique car elle regroupe des équipes de deux pays,
le Canada et les États-Unis. Traditionnellement, le Canada a souvent
rejoint les cadres des ligues américaines du sport professionnel. Nous
n’avons qu’à regarder la Ligue Nationale de Hockey, les Ligues Majeures
de Baseball, la NBA, etc. qui comptent toutes des franchises
canadiennes. La MLS reflète la même tradition. Fondée en 1996, suite à
l’organisation par les États-Unis de la Coupe du Monde deux ans plus
tôt, la MLS prend rapidement de l’expansion. De 10 équipes en 1996, elle
grandit jusqu’à 19 en 2012, avec l’arrivée de l’Impact de Montréal.
Déjà, 3 autres équipes sont annoncées en 2015 (New York City FC et
Orlando City SC) et en 2016 ou 2017 (Miami, proposée par le groupe de
David Beckham). Ce qui portera la MLS à 22 équipes. L’objectif du
commissaire Don Garber est d’atteindre 24 équipes d’ici 2020. C’est une
croissance énorme !
Le championnat débute généralement au début du mois de mars jusqu’à
la grande finale de la Coupe MLS au début de décembre. Ce qui donne
actuellement un calendrier de 34 matchs de saisons régulières, plus les
séries éliminatoires ou playoffs, si vous préférez. Le gagnant des
séries éliminatoires est couronné champion de la saison. L’autre
principale différence de la MLS avec les championnats européens est le
principe des franchises. Chaque club achète une franchise qui lui permet
d’intégrer les cadres de la MLS. Dans ce cas, il n’y a donc aucune
promotion / relégation. Chaque ligue est fermée. Ainsi, la MLS est
reconnue pour être la division 1, la North American Soccer League, la 2e
division. Et ainsi de suite.
Quels sont tes favoris pour la saison 2014 de la Major League Soccer?
Cette année, avec l’arrivée de plusieurs joueurs de
qualité, je surveillerai attentivement les clubs suivants, qui joueront
le haut du tableau selon moi :
Conférence Est : DC United, Red Bulls de New York, Sporting Kansas City et Toronto FC;
Conférence Ouest : FC Dallas, Galaxy de LA, Timbers de Portland et le Real Salt Lake.
Y a-t-il des supporters qui suivent leur équipe à l’autre bout du continent?
C’est assez exceptionnel. Par exemple, 4 600 km
sépare Montréal de Los Angeles. Un billet d’avion coûte environ 600
euros aller-retour. Ce n’est pas accessible à tout le monde. C’est
pourquoi les rivalités régionales sont importantes en MLS. Un voyage à
Toronto, Washington ou Philadelphie est beaucoup plus réaliste pour les
supporters de l’Impact de Montréal par exemple. L’an dernier, disons
qu’environ 50 à 100 partisans de clubs adverses en moyenne font les
déplacements. Seule la rivalité viscérale Toronto – Montréal amène des
groupes plus importants, parfois de 300 à 400 supporters adverses. C’est
somme toute bien peu, comparativement à certains championnats en
Europe.
« Cette année en sera une de transition à mon avis »
N’est-ce pas compliqué pour les joueurs de parcourir de si grandes distances?
C’est très compliqué au niveau logistique et physique. Cela implique
aussi de franchir plusieurs fuseaux horaires dans un seul voyage. Un
exemple : il y a trois heures de différence entre Vancouver et Montréal.
L’Impact a réussi à s’ajuster en début de saison 2013 à ce phénomène.
Ils ont voyagé 48 heures plus tôt qu’en 2012 pour débuter leur saison
contre Seattle et Portland. L’équipe de préparation du club a obligé les
joueurs à dormir dès leur arrivée et à rester réveiller le soir afin de
s’acclimater au décalage horaire en quelques heures. Résultat :
victoire de Montréal aux deux endroits. C’était en début de saison, bien
sûr. Par la suite, ce fut plus difficile. Tous les clubs vivent cette
difficulté et les résultats en sont le reflet. C’est connu depuis les
débuts de la MLS que c’est une ligue de «homers», les clubs gagnent
beaucoup plus facilement à domicile qu’à l’extérieur. Dans ce contexte,
les clubs qui réussissent à engranger des points à l’extérieur vont très
souvent réussir à se placer en haut de tableau et ainsi, se qualifier
pour les séries. Pour les joueurs qui arrivent dans la MLS en provenance
de l’étranger, c’est souvent la première difficulté à affronter. De
beaux talents techniques ont d’ailleurs échoué en MLS parce que leur
niveau athlétique était un cran en dessous des autres. C’est une facette
importante des joueurs évoluant en Amérique du Nord pour connaître du
succès toute une saison.
Comment vois-tu la saison de ton club favori, l’Impact de Montréal?
Cette année en sera une de transition à mon avis. Le
noyau de l’équipe est intéressant et stable avec Marco Di Vaio, Patrice
Bernier, Matteo Ferrari et Troy Perkins comme piliers. Par contre, la
progression des jeunes reste à voir car ils n’ont pas eu la chance
d’avoir beaucoup de minutes l’an dernier avec Marco Schällibaum.
L’arrivée de Frank Klopas (ancien du Fire de Chicago) nous montrera de
quelle façon le club va pouvoir améliorer sa défensive. C’est la
priorité du club cette année. Nous savons marquer mais l’organisation
défensive reste à faire. La nouvelle qu’Alessandro Nesta revienne au
club comme consultant externe à ce niveau ne pourra que nous aider. Je
crois que si nous pouvons nous maintenir entre la 6e ou la 8e place de
la Conférence Est, ce sera réaliste. Si nous parvenons à faire les
séries (5e place), ce sera super ! Mais l’avenir du club est
encourageant. Surtout avec les jeunes et la structure de l’académie.
Quels sont les principaux rivaux des Bleu-Blanc-Noir?
L’ennemi de toujours est le Toronto FC. Cela date depuis 2007, alors
que l’Impact jouait en 2e division. L’affrontement entre les deux villes
est viscéral. Surtout en championnat canadien, sorte de mini tournoi,
qui permet au gagnant de participer à la Ligue des Champions CONCACAF.
Pour les mêmes raisons, et malgré quelques milliers de kilomètres les
séparant, affronter les Whitecaps de Vancouver est toujours spécial. En
MLS, depuis l’arrivée de l’Impact en 2012, les affrontements entre le
Sporting Kansas City ou le Dynamo de Houston sont toujours électrisants.
Les joueurs sont hargneux et ce sont toujours des matchs intenses !
Mais notre bête noire, c’est les Red Bulls de New York ! Thierry Henry
sort toujours ses meilleurs matchs contre nous ! C’est frustrant (sourire) !
Vas-tu régulièrement au stade Saputo?
Pas aussi souvent que je voudrais. J’habite Rimouski, situé à 550 km à
l’est de Montréal et j’ai une petite famille. J’y suis allé une seule
fois l’an dernier et je compte y retourner deux ou trois fois (que ce
serait bien !) cette année. L’ambiance est franchement géniale et le
club a une moyenne intéressante d’environ 18 000 spectateurs par match
au Saputo (max. 20 801). Ce qui le place au 4e ou 5e rang en MLS si je
ne me trompe.
Suis-tu certains championnats européens? Sont-ils diffusés à la télévision canadienne?
Je suis principalement les championnats qui sont diffusés à notre
télévision : la Barclays Premier League est diffusée sur RDS (Réseau Des
Sports), la Bundesliga (GolTV), et la Ligue 1 (TV5). Nous avons aussi
droit à la Ligue des Champions UEFA (TVA Sports) ainsi qu’à la
présentation de la Coupe du Monde au Brésil (TVA Sports) cette année. Ce
sera certainement une belle année de foot !
Des conseils pour suivre la MLS?
Si vous voulez suivre la Major League Soccer ou l’Impact de Montréal,
je peux vous proposer certains liens francophones. Tout d’abord,
l’espace francophone officiel de la MLS est le blogue Coup Franc, écrit
par le journaliste Matthias Van Halst (
http://www.mlssoccer.com/blog/coup-franc). Vous y trouverez également une toujours très intéressante balado-diffusion (podcast) du même nom.
Un site non-officiel des partisans de l’Impact de Montréal vous en
apprendra beaucoup sur le club et aussi sur la MLS, avec souvent des
primeurs sur le forum. Un incontournable, même pour les partisans de
d’autres clubs ! C’est ici : (
http://www.impactsoccer.com). Voilà ! Bon foot !
Propos recueillis par Pierre LG.